Vers une libération des fréquences pour réseaux sans fil ?
L’Autorité de Régulation des Télécommunications vient de publier sa consultation publique sur l’assouplissement des règles d’utilisation des bandes de fréquences de 2,4 et 5 GHz. C’est-à-dire celles qui sont utilisées par les réseaux sans fils locaux, alors qu’elles sont normalement réservées aux militaires. L’assouplissement de leur utilisation est programmée pour 2004.
L’ART étudie avec le ministère de la Défense et l’Agence Nationale des Fréquences le moyen de revoir certaines des règles d’utilisation des bandes de fréquences de 2,4 et de 5 GHz, celles utilisées par les appareils destinés à être mis en réseaux sans fil locaux (WLAN ou Wireless Local Area Network). C’est sur la première bande de fréquences qu’on retrouve les protocoles utilisés par l’IEEE 802.11b, popularisé et intégré dans les Mac sous le nom d’Airport. Ce standard n’est d’ailleurs pas le seul à utiliser la bande, puisque HomeRF l’emprunte également (voir édition du 4 septembre 2000), ainsi que Bluetooth. La bande des 5 GHz doit permettre, à terme, de fournir des débits plus importants et libérer des canaux de transmission pour les applications devant continuer de se développer. Bien que ces fréquences soient disponibles et utilisables pour le public dans de nombreux pays, la France fait toujours partie des quelques pays qui les ont réservées. Leur utilisation est soumise à une utilisation intérieure pour des réseaux uniquement locaux ou indépendants. Pire : leur utilisation n’est pas supposée déborder du cadre privé et envahir la voie publique, deux spécificités qui font partie d’un accord signé entre l’ART et le ministère de la Défense en janvier 2001. Auparavant, chaque émetteur se devait d’être déclaré de manière individuelle et le ministère de la Défense pouvait opposer son droit de veto à l’utilisation du réseau local.
La consultation publique de l’ART n’a pas reçu foule de réponses : 73, réparties entre les industriels et les utilisateurs. On y retrouve des opérateurs de réseau, des fabricants d’équipements, des sociétés de conseil, mais aussi des associations, des autorités locales ainsi que des individus. L’enjeu n’est pas mince : il s’agit de permettre l’utilisation de ces bandes sur la voie publique de manière à voir fleurir des services publics d’accès à des réseaux sans fil, pouvant fournir notamment un accès à Internet. Les réponses des participants à la consultation appellent à l’utilisation de ces bandes pour des zones à fort potentiel ou à fort trafic, comme des hôtels, des gares ou des aéroports. Mais l’ouverture de ce spectre se heurte à deux difficultés : l’abandon de son utilisation ou de son droit de préemption par le ministère de la Défense d’une part, et le choc frontal avec les opérateurs de téléphonie mobile de troisième génération d’autre part. L’achèvement de leurs réseaux n’est pas encore réalisé et, compte tenu de l’investissement nécessaire, ils pourraient peser de tout leur poids pour limiter la portée de l’assouplissement envisagé. Aux Etats-Unis, la mise en place de réseaux WLAN est déjà assez avancée. Il en existe dans chaque Apple Store, mais aussi dans certaines chaînes de magasins ou dans des aéroports (voir édition du 4 octobre 2000). Et certains Mac, comme le PowerBook G4, sont déjà vendus prééquipés de la carte Airport. Imaginez : dans quelques années, à la terrasse d’un café, la note additionnera peut-être le prix d’une demi-heure d’Internet à celui de l’expresso…